Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/472

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cette coupe d’or qu’Anchise faisait des libations aux autels de nos dieux ; voici le sceptre que portait Priam, quand il dictait ses lois aux peuples assemblés ; voici sa tiare sacrée, et ses vêtements tissés par les femmes d’Ilion. »

À ce discours d’Ilionée, Latinus reste immobile sur son siége, le front incliné vers la terre, et roulant les yeux d’un air pensif, bien moins occupé de cette pourpre richement brodée et de ce sceptre de Priam, que de l’hymen de sa fille, où sa pensée s’arrête ; et l’oracle du vieux Faunus occupe ses esprits : « Voilà, se disait-il, le héros parti d’une terre étrangère, et que le destin me désigne pour gendre ; voilà celui que les oracles appellent à partager mon pouvoir royal, et dont la race belliqueuse soumettra le monde à ses lois. » Enfin, dans sa joie, il s’écrie : « Puissent les dieux seconder mes desseins, et accomplir leurs oracles ! Troyens, vos désirs seront satisfaits. Je ne refuse point vos présents. Tant que régnera Latinus, vous n’aurez à regretter ni des champs plus fertiles, ni l’opulence de Troie. Mais, si Énée nous recherche avec tant d’empressement, et s’il a un tel désir d’être l’hôte et l’allié des Latins, qu’il vienne ici lui-même ; qu’il ne craigne pas les regards d’un ami : ma main dans sa main sera le gage de notre alliance. Vous cependant, rapportez à votre roi ces paroles : j’ai une fille que les oracles du sanctuaire pater-