Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/473

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nel et un grand nombre de prodiges célestes me défendent d’unir à un prince de notre nation. Il est prédit, dans les destinées du Latium, qu’un gendre arrivera des terres étrangères, et que sa race doit élever jusqu’aux astres la gloire de notre nom. Énée est celui que désignent les oracles : je le crois, et, si mon âme pressent la vérité, je le désire. »

Il dit, et, parmi les trois cents chevaux magnifiques qui sont nourris dans ses vastes écuries, il en choisit un nombre égal à celui des envoyés d’Énée. Ces coursiers, aux pieds ailés, sont couverts de housses de pourpre brodées avec art : sur leur poitrail descend un collier d’or ; l’or brille sur les harnais, et dans leur bouche ils rongent un frein d’or étincelant. Énée absent aura un char traîné par deux coursiers pareils, tous deux d’une origine céleste, et soufflant le feu par leurs naseaux ; ils sont de cette race que créa l’artificieuse Circé, lorsqu’elle accoupla furtivement ses cavales avec les chevaux de son père. Chargés de ces présents et de cette réponse de Latinus, les Troyens partent, sur leurs coursiers rapides, et rapportent à leur roi ces promesses de paix.

Dans ce moment, emportée sur son char dans les airs, l’implacable épouse de Jupiter revenait d’Argos et des champs de