Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/482

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qui ruisselle de ses membres inonde tout son corps. Frémissant et furieux, il demande des armes, il cherche des armes sur sa couche et dans son palais. L’amour du fer, la fureur impie des combats, et surtout la vengeance, le mettent hors de lui. Telle, quand la flamme nourrie par un bois aride échauffe avec bruit les flancs d’un vase d’airain, l’onde agitée frémit et bouillonne, monte fumante en écume, ne peut plus être contenue, et déborde exhalant une noire vapeur dans les airs. Turnus mande sur-le-champ les chefs de ses guerriers : il leur annonce qu’il va marcher contre Latinus, violateur des traités : il leur ordonne de prendre les armes, de défendre l’Italie, et de chasser l’ennemi hors des frontières. Seul, il suffira contre les Troyens et les Latins. Il dit, et il invoque la faveur des dieux. Cependant les Rutules, à l’envi, s’excitent aux combats. Les uns admirent, dans Turnus, l’éclat de sa beauté et de sa jeunesse ; les autres, les rois ses aïeux ; d’autres, les exploits par lesquels son bras s’est illustré.

Tandis que Turnus enflamme les Rutules d’une belliqueuse audace, Alecton déploie ses ailes infernales, et vole au camp des Troyens. Elle médite un nouvel artifice, en voyant sur le rivage le jeune Iule occupé à tendre des piéges aux bêtes sauvages, ou à les poursuivre à la course. La vierge du Cocyte souffle aux chiens