Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/484

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mement plaintif qui remplit toute la maison, il semble implorer un appui. Silvie accourt la première : dans sa douleur, elle meurtrit ses bras et appelle du secours : à ses cris se rassemblent les rustiques habitants de cette terre ; ils accourent soudain (car l’horrible Furie est cachée dans le bois silencieux) : l’un s’arme d’un tison noirci par la flamme, l’autre d’un énorme bâton chargé de nœuds. De tout ce qui se rencontre sous leurs mains la colère fait des armes. Tyrrhée, qui, en ce moment, à l’aide de coins qu’il enfonce, fendait un chêne en quatre, saisit sa hache, appelle ses compagnons et s’avance à leur tête.

Cependant la cruelle déesse, qui, de son lieu d’observation, épie le moment de nuire, s’élance sur le toit de l’étable, et, de là, fait entendre le signal connu des pasteurs : dans la trompe recourbée elle enfle sa voix infernale. Alors toute la forêt tremble, et ses profondeurs retentissent d’un bruit affreux : on l’entendit au loin sur le lac de Diane ; on l’entendit sur les blanchissantes ondes du Nar sulfureux, jusqu’aux sources du Vélinus ; et les mères épouvantées pressèrent leurs enfants contre leur sein. Soudain les laboureurs indomptés s’arment de toutes parts, et volent au lieu où la trompe fatale a donné le signal. De son côté, la jeunesse troyenne ouvre le camp, et se précipite au secours d’As-