Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/485

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cagne. On se range en bataille : ce n’est plus un combat rustique où l’on n’a pour armes que de lourds bâtons et des tiges durcies par la flamme : on saisit le fer à double tranchant ; une horrible moisson de glaives nus hérisse la plaine ; l’airain resplendit sous la lumière du soleil et la renvoie jusqu’aux cieux. Ainsi, lorsqu’au premier souffle des vents orageux les flots commencent à blanchir, la mer s’enfle peu à peu, et bientôt, soulevées du fond de l’abîme, les vagues s’élèvent jusqu’aux nues.

Au premier rang combat le jeune Almon, l’aîné des fils de Tyrrhée : une flèche siffle et le renverse ; le fer s’enfonce dans sa gorge, intercepte l’humide chemin de la voix, et étouffe sa vie dans le sang. D’autres guerriers tombent, et, parmi eux, le vieux Galésus, qui s’avançait entre les combattants, offrant la paix aux deux partis : c’était le plus juste et le plus riche des habitants de l’Ausonie : cinq troupeaux de brebis, cinq troupeaux de bœufs, rentraient dans ses étables, et cent charrues ouvraient ses sillons.

Tandis que, dans les plaines, les chances du combat se balancent, fière d’avoir tenu ses promesses, d’avoir ensanglanté les armes et semé le carnage de ce premier combat, Alecton abandonne l’Hespérie, s’élève dans les cieux, et, triomphante, adresse à Junon ce superbe langage : « Voilà la discorde et la guerre