Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/486

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allumées au gré de vos désirs ! j’ai rougi les mains des Troyens du sang de l’Ausonie : dites maintenant que les peuples deviennent amis, et qu’entre eux il y ait alliance ! Je ferai plus encore, si vous m’assurez de votre consentement : par de vives rumeurs j’entraînerai dans cette querelle les cités voisines, j’embraserai les cœurs des fureurs de Mars ; de tous côtés viendront des combattants, et dans les champs je sèmerai des armes. » — « C’est assez de terreurs et d’artifices, dit Junon. La guerre a maintenant une cause : les deux partis ont combattu, et les premières armes qu’offrit le hasard sont déjà teintes de sang. Que l’illustre fils de Vénus et le vieux roi des Latins célèbrent de telles noces et de tels hyménées ! Toi, si tu errais plus longtemps sur la terre, le souverain qui règne dans le haut Olympe ne le souffrirait pas. Retire-toi. Si, pour le succès, d’autres soins sont encore nécessaires, je les dirigerai moi-même. » Ainsi parle la fille de Saturne ; et l’affreuse Euménide s’élève sur ses ailes hérissées de serpents, abandonne les hautes régions du jour, et regagne les sombres bords du Cocyte.

Il est, au centre de l’Italie, entre deux monts escarpés, un lieu connu et renommé dans plus d’une contrée : c’est la vallée d’Amsancte. Des forêts profondes pressent ses flancs de leurs épaisses ombres. Au milieu, roule avec fracas un torrent qui, dans