Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/518

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embrassements qu’elle attend, et, couché sur son sein, il s’abandonne tout entier aux charmes d’un paisible sommeil.

Déjà la Nuit avait parcouru la moitié de sa carrière, et le premier repos avait banni le sommeil. C’était l’heure où la mère de famille qui n’a, pour soutenir sa vie, que l’humble travail du fuseau et l’industrie de Minerve, réveille le feu assoupi sous la cendre, et, ajoutant à son travail les heures de la nuit, surveille, à la clarté d’une lampe, la longue tâche de ses servantes, afin de pouvoir conserver chaste le lit conjugal et élever ses petits enfants. Tel, et non moins diligent, le dieu quitte sa couche voluptueuse pour vaquer aux travaux de son art.

Non loin des côtes de Sicile, et près de Lipare, l’une des Éoliennes, s’élève une île hérissée de hauts rochers toujours fumants. Sous ces rochers une caverne et des antres creusés par les feux des Cyclopes tonnent comme l’Etna : sans cesse ils retentissent au loin des gémissements de l’enclume sous les coups des lourds marteaux, du frémissement de l’acier qui étincelle, et du bruit des soufflets haletants qui animent le feu dans les fournaises. Cette île est la demeure de Vulcain, et s’appelle Vulcanie. C’est là que du haut de l’Olympe le dieu du feu descendit. Dans un antre immense, les Cyclopes Brontès, Stéropès et Pyracmon, les membres nus, assouplissaient le fer. Leurs mains travaillaient un