Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/519

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de ces foudres que Jupiter lance souvent des cieux sur la terre : une partie était achevée, l’autre encore imparfaite ; ils avaient réuni trois rayons de grêle épaisse entrelacés, trois d’une pluie orageuse, trois d’un feu éblouissant, et trois de l’Auster aux ailes rapides. Ils ajoutaient alors à leur ouvrage les éclairs effrayants, le bruit et l’épouvante, et les feux vengeurs du Ciel irrité. Plus loin, on se hâtait de forger pour Mars un char d’airain aux roues rapides, dont le bruit réveille les guerriers et les villes. D’autres polissaient à l’envi l’horrible égide dont Pallas s’arme dans sa fureur. On y voyait des serpents aux écailles d’or, des couleuvres entrelaçant leurs nœuds, et, sur le sein de la déesse, la Gorgone dont la tête séparée du cou lance d’affreux regards.

« Enlevez tout, dit Vulcain ; enfants de l’Etna, Cyclopes, emportez ces ouvrages commencés ; écoutez mes ordres : il s’agit d’armer un guerrier redoutable : c’est maintenant qu’il faut des bras vigoureux, d’agiles mains, et tout ce que l’art a de plus achevé ; hâtez-vous ! » Il ne dit que ces mots : à l’instant tous s’empressent et se partagent également le travail. L’airain et l’or coulent en ruisseaux ; l’homicide acier se fond et bouillonne sur la vaste fournaise : bientôt est formé l’immense bouclier qui suffirait à lui seul pour repousser tous les traits des Latins. Sur son