Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/520

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orbe arrondi sept orbes de métal s’étendent superposés. Les Cyclopes, armés d’énormes soufflets, aspirent l’air et le repoussent ; d’autres trempent dans l’onde l’acier frémissant. L’antre gémit du bruit des marteaux sur l’enclume : les bras, soulevés avec effort, tombent et retombent en cadence sur la masse embrasée, que tournent en tout sens de mordantes tenailles.

Tandis que, dans ses forges éoliennes, le dieu de Lemnos presse l’ouvrage, Évandre, dans son humble demeure, est réveillé par les premiers rayons du jour et par le chant matinal des oiseaux nichés sous ton toit. Le vieillard se lève, revêt sa tunique, et attache à ses pieds une chaussure tyrrhénienne. Il met sur ses épaules un baudrier d’où pend à son côté une épée d’Arcadie, et ramène sur sa poitrine une peau de panthère qui descend de son épaule gauche. Deux chiens, qui gardaient sa porte, marchent devant lui et accompagnent les pas de leur maître. Il allait trouver, dans sa demeure retirée, Énée, son hôte, pour s’entretenir avec lui des secours qu’il lui avait promis la veille. Énée, non moins matinal, allait trouver Évandre. L’un est suivi de son fils Pallas, l’autre de son fidèle Achate : ils se rencontrent, joignent leurs mains, et, assis dans l’intérieur du palais, ils reprennent librement leur entretien. Le roi parle le premier :