Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/541

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de vous, élite de guerriers, est prêt à briser ces retranchements avec le fer, et à forcer avec moi ce camp tremblant d’effroi ? Je n’ai besoin, pour vaincre de tels ennemis, ni d’armes forgées par Vulcain, ni de mille vaisseaux. Dût toute l’Étrurie s’unir à leurs efforts, ils n’auront à craindre ni les ténèbres, ni le honteux larcin d’un Palladium, ni le massacre des gardes d’une citadelle : nous ne nous cacherons point lâchement dans les sombres flancs d’un cheval de bois : c’est à la clarté du grand jour, et à la face de tous, que j’embraserai leurs murailles. Qu’ils ne croient point avoir affaire ici aux enfants de Danaüs, à ces Pelasges que le seul Hector arrêta dix ans au pied des murs de Troie. Mais la plus grande partie du jour est écoulée ; vous l’avez bien employée : employez-en le reste, guerriers, à réparer vos forces, et préparez-vous au combat. »

Cependant Messape reçoit l’ordre d’investir de sentinelles vigilantes les portes du camp, et d’entretenir des feux allumés autour des remparts. Quatorze chefs d’élite, dont chacun commande à cent jeunes guerriers brillants d’or et d’aigrettes de pourpre, sont chargés de la surveillance des murs. Ils vont de côté et d’autre, et se relèvent tour à tour ; puis, étendus sur l’herbe, ils s’abreuvent de la liqueur de Bacchus, et vident les coupes d’airain. Les