Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/542

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feux brillent de toutes parts, et la garde passe dans le jeu une nuit sans sommeil.

Du haut de leurs murailles, les Troyens en armes observent l’ennemi : dans l’effroi qui les agite, ils visitent les portes, et joignent par des ponts les tours aux remparts : des traits sont apportés en grand nombre. Mnesthée et l’ardent Sergeste excitent leurs compagnons : c’est sur eux qu’Énée s’est reposé surtout du soin d’être, si quelque danger l’exige, les guides de la jeunesse et les chefs du camp. Toute l’armée, prenant sa part du péril, veille le long des murs, et occupe à tour de rôle les différents postes qu’il faut défendre.

L’une des portes était gardée par le fils d’Hyrtacus, Nisus, plein d’une ardeur belliqueuse. Sorti des forêts de l’Ida giboyeux, habile à lancer le javelot et la flèche rapide, il avait suivi la fortune d’Énée : à ses côtés était Euryale, son compagnon, le plus beau parmi les guerriers de l’armée troyenne, enfant dont les joues laissaient à peine apparaître le premier duvet de la jeunesse. Unis de l’amitié la plus tendre, ensemble ils volaient aux combats ; en ce moment même, un commun devoir les retenait tous deux à la garde d’une porte.

« Sont-ce les dieux, mon cher Euryale, dit Nisus à son ami, qui m’embrasent de cette ardeur, ou chacun de nous se fait-il un dieu de sa passion ? Depuis longtemps je brûle de combattre ou