Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/566

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les tours ; ils sont couverts d’une armure de fer, et sur leurs têtes altières flamboie une aigrette éclatante. Tels, sur les rives du Pô, et sur les bords riants de l’Athésis, dont les eaux limpides coulent alentour, deux chênes superbes élèvent jusqu’au ciel leurs têtes touffues, et balancent leur cime aérienne. Soudain les Rutules se précipitent par la porte qui leur est ouverte. Bientôt Quereens, Aquicole, l’impétueux Tmarus et le brave Ilémon, ont pris la fuite avec toutes leurs troupes, ou laissé leur vie sur le seuil même de la porte. La fureur se ranime alors dans le cœur des combattants : les Troyens se rassemblent sur un seul et même point : ils osent en venir aux mains et s’avancer hors des remparts.

Turnus, sur un point éloigné, se livrait à sa fureur et portait le trouble dans les rangs de l’ennemi, lorsqu’on lui vient annoncer que les Troyens, échauffés par un récent carnage, ont laissé des portes ouvertes. À cette nouvelle, il abandonne le point qu’il attaquait, et, bouillant de colère, il court à la porte défendue par ces frères orgueilleux. Antiphate, fils illégitime du grand Sarpédon et d’une mère thébaine, s’offre le premier aux coups de Turnus. Un javelot fatal atteint le guerrier, pénètre dans les profondeurs de sa poitrine, et fait jaillir de sa blessure des flots d’un