Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/567

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sang noir et écumant ; le fer s’échauffe dans le poumon où il reste fixé. Mérops, Érymanthe, Aphidnus, sont terrassés à leur tour. Puis, voyant Bitias le feu dans les yeux, et la rage dans le cœur, Turnus l’attaque, non avec un javelot (un javelot ne lui eût pas ôté la vie), mais avec une phalarique, qui, lancée avec vigueur, part, aussi prompte que la foudre, avec un horrible sifflement. Ni la double épaisseur du cuir de taureau, ni les doubles mailles d’or de sa fidèle cuirasse ne peuvent soutenir la violence du choc : le géant chancelle et tombe : la terre en gémit, et sur lui son bouclier résonne avec un bruit horrible. Ainsi tombe parfois, sur le rivage de Baïes, une vaste digue de pierres que l’on précipite dans les flots : ainsi, entraînés dans sa chute, ces débris se heurtent au fond de l’abîme des mers : les ondes se troublent, et, à leur surface, bouillonne un noir limon. À ce bruit. Prochyte tremble jusqu’en ses fondements, et Inarime, qui, par l’ordre de Jupiter, pèse de tout son poids sur l’audacieux Typhée, ressent une violente secousse.

Alors le dieu des combats, Mars, accroît le courage et les forces des Latins, et retourne dans leurs cœurs ses cuisants aiguillons, en même temps qu’il envoie aux Troyens la Fuite et la sombre Épouvante. Pleins du dieu qui leur souffle son esprit