Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/626

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ces cendres à peine éteintes, les ossements confondus dans le brasier, et les recouvre d’un monceau de terre encore tiède.

Mais c’est dans l’opulente ville de Latinus que le désespoir éclate dans toute sa force, et que la consternation est à son comble. C’est là que de tendres mères, de jeunes épouses, des sœurs désolées, des fils restés orphelins se répandent en imprécations contre cette funeste guerre et contre l’hymen de Turnus. « Qu’il aille, dit-on, qu’il aille, les armes à la main, tenter le sort des combats, puisqu’il prétend aux honneurs du rang suprême et au sceptre de l’Italie. » L’implacable Drancès aggrave encore ces reproches : il affirme que c’est Turnus seul que provoque Énée, lui seul qu’il défie au combat. Mais une foule de voix s’élèvent en faveur de Turnus qui a pour lui la haute protection de la reine et la renommée que lui ont faite sa bravoure et ses exploits.

Au milieu de ces agitations et de ce tumulte, on apprend, pour comble de maux, le retour et la réponse des ambassadeurs envoyés auprès de Diomède : ils n’ont rien obtenu : l’or, les présents, les prières, tout a été vainement prodigué : il faut que les Latins cherchent d’autres auxiliaires, ou demandent la paix au chef des Troyens. Accablé de ces tristes nouvelles, Latinus cède à l’excès de sa douleur. La colère des dieux, ces tombeaux récents qui s’offrent à ses regards, l’avertissent