Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/627

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qu’Énée vient par l’ordre du destin qui l’appelle et le protége.

Il convoque aussitôt le conseil de la nation et les grands de l’État. Ils accourent en foule, et leurs flots se précipitent vers le palais. Latinus, le front chargé d’ennuis, prend au milieu d’eux la place que lui assignent son âge et son rang, et ordonne aux envoyés revenus de la ville Étolienne d’expliquer exactement à l’assemblée le résultat de leur mission et la réponse qu’ils ont reçue. Alors un grand silence s’établit, et Vénulus, obéissant au roi, s’exprime ainsi :

« Citoyens, après les traverses d’un long et périlleux voyage, nous avons vu Diomède, sa colonie Argienne, et nous avons touché la main qui renversa les murs d’Ilion. Ce héros victorieux fondait alors une ville nouvelle au pied du Gargan, dans les champs de l’Iapygie, et l’appelait Argyripe, du nom de sa patrie. Admis en sa présence, et libres de parler devant lui, nous offrons nos dons, et nous faisons connaître notre nom, notre patrie ; quels ennemis nous ont déclaré la guerre, et le motif qui nous amène auprès de lui.

« Il nous écoute et nous répond avec bonté :

— « Ô nations fortunées, sur qui régna Saturne, antiques Ausoniens, quel destin jaloux de votre repos vous a précipités dans