Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/651

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mage fauve, enlève, dans son vol à travers les airs, le serpent qu’il a saisi, l’enlace dans ses serres, et lui plonge ses griffes dans les flancs : le reptile blessé roule et déroule ses replis tortueux, hérisse ses écailles, et dresse, avec d’horribles sifflements, une tête menaçante : vains efforts ! le bec impitoyable achève de le déchirer, et l’aigle bat l’air de son aile victorieuse. Ainsi Tarchon emporte en triomphe la proie qu’il vient d’enlever du milieu des guerriers de Tibur. Animés par l’exemple et par le succès de leur chef, les Tyrrhéniens s’élancent en avant.

Cependant Aruns, dont le jour fatal est venu, voltige, un javelot à la main, autour de la légère Camille, et, plus rusé qu’elle, épie le moment favorable pour la surprendre. Se jette-t-elle avec fureur au milieu des combattants, Aruns la suit et s’attache silencieusement à ses pas. S’éloigne-t-elle des rangs ennemis et revient-elle victorieuse, Aruns, tournant les rênes de son coursier, le dirige furtivement de son côté. Il l’approche sur un point, il l’approche sur un autre ; il circule partout autour d’elle, et balance perfidement une flèche assurée.

Sur ces entrefaites, Chorée, consacré à Cybèle, et jadis pontife de cette déesse, se fait remarquer de loin par l’éclat resplendissant de ses armes phrygiennes. Il presse un écumant coursier, revêtu d’une peau que recouvrent des lames et des écailles d’airain doré, en forme de plumes. Lui-même, brillant d’une pourpre