Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/672

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

branlent, et une tumultueuse colère s’allume dans tous les cœurs. Par hasard, en face de Tolumnius, se trouvaient réunis neuf frères d’une remarquable beauté, tous fils de l’Arcadien Gylippe et d’une Tyrrhénienne, son épouse fidèle : le trait va frapper l’un d’eux au milieu du corps, à l’endroit où le baudrier s’appuie sur le ventre, et où l’agrafe mordante en réunit les deux extrémités. Le jeune guerrier, que distinguent sa beauté et l’éclat de ses armes, a les côtes transpercées, et tombe sans vie sur l’arène.

À cette vue, ses frères, généreuse phalange, que la douleur enflamme, saisissent, d’une main furieuse, les uns leur glaive, les autres leurs javelots, et se précipitent en aveugles sur l’ennemi. À leur rencontre accourent les bataillons laurentins, tandis que, de leur côté, se précipitent, comme un torrent, les Troyens, les Agylliniens, et les Arcadiens avec leurs armes peintes. La même ardeur guerrière les anime tous. Les autels sont mis au pillage : tout le ciel s’obscurcit d’un sombre nuage de traits ; la terre est inondée d’une pluie de fer : on enlève les coupes et les feux sacrés. Latinus lui-même s’enfuit, emportant ses dieux outragés par la violation du traité. Les uns attellent leurs chars ; les autres s’élancent d’un bond sur leurs coursiers, et se présentent l’épée nue.

Impatient de rompre le traité, Messape pousse son cheval sur Aulestès, roi des Tyrrhéniens, revêtu des insignes de sa