Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/97

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leil ; les nuages, s’élevant dans l’espace, pour retomber en pluie du haut des airs ; les forêts montrant leur cime naissante, et les animaux errant, peu nombreux encore, sur des montagnes inconnues.

Puis il rappelle les cailloux jetés par Pyrrha, le règne de Saturne, les vautours du Caucase et le larcin de Prométhée. Il dit aussi Hylas, et les Argonautes le redemandant en vain à la fontaine où ils l’ont laissé, et les échos du rivage répétant : « Hylas ! Hylas ! » Il chante aussi Pasiphaé, heureuse si jamais il n’eût existé de troupeaux, et il compatit à son amour pour un taureau blanc comme la neige. Ah ! fille infortunée, quel délire s’est emparé de toi ! Si les filles de Prœtus remplirent les campagnes de faux gémissements, aucune d’elles, du moins, ne rêva de si honteux accouplements ; bien que plus d’une fois elles eussent redouté pour leur cou le joug de la charrue, et cherché sur leur front poli des cornes imaginaires. Fille infortunée ! maintenant tu erres sur les montagnes ; et lui, de ses flancs d’albâtre, pressant la molle hyacinthe, il rumine, à l’ombre d’une yeuse, les herbes pâlissantes, ou poursuit quelque génisse dans un nombreux troupeau. Fermez, nymphes, nymphes du Dicté, fermez toutes les issues de ce bois ! Peut-être s’offriront à mes yeux les traces du taureau vagabond. L’attrait de l’herbe fraîche ou quelques