Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/180

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répondra en trois mots : Les moines ont bâti cela il y a longtemps. »

La question était un peu embarrassante. Sir Arthur leva les yeux au ciel dans l’espoir d’y trouver une inspiration qui lui permît de répondre ; Oldbuck raccommodait sa perruque ; le ministre était d’avis que ses paroissiens étaient trop profondément pénétrés de la vraie doctrine presbytérienne, pour conserver aucun souvenir des prêtres papistes qui avaient encombré le pays, et qui n’étaient que des rejetons du grand arbre d’iniquité qui prend racine dans les entrailles des sept montagnes d’abomination. Lovel pensait qu’on pourrait mieux résoudre la question en examinant quels sont les événemens qui laissent les impressions les plus profondes dans l’esprit du peuple. « Ce ne sont pas, ajouta-t-il, ceux qui ressemblent aux progrès graduels d’une rivière, dont les eaux répandent la fertilité et l’abondance, mais plutôt ceux qu’on peut comparer au cours furieux d’un torrent dévastateur qui ravage tout sur son passage. Les époques par lesquelles le vulgaire a divisé le temps ont toujours rapport à l’apparition de quelque fléau, et il date son ère d’un déluge, d’un tremblement de terre ou d’une guerre civile. Si de tels faits sont ceux qui restent le plus long-temps gravés dans la mémoire du peuple, pouvons-nous nous étonner qu’il se souvienne du guerrier sanguinaire, tandis que les paisibles abbés sont tombés dans l’oubli ?

— Avec votre permission, messieurs, mesdames, et sous le pon blaisir de sir Arthur, de miss Wartour et du tigne ecclésiastique, de mon pon ami et combatriote M. Oltenpuck et du pon M. Lofel, je crois que tout cela fient te la main te gloire.

— La main de quoi ? s’écria Oldbuck.

— La main te gloire, mon bon meinherr Oltenpuck ; c’est un grand et derrible secret à l’aide duquel les moines cachèrent leurs trésors lorsqu’ils furent chassés te leurs cloîtres par ce que vous appelez la réforme.

— Diable ! dit Oldbuck ; apprenez-nous cela, car ce sont des secrets qui en valent la peine.

— Ah ! mon pon meinherr Oltenpuck, fous allez fous moquer de moi ; mais la main te gloire est pieu connue dans les pays qu’habitaient autrefois fos ancêtres ; c’est une main qui toit être coubée à un mort qui aura été pendu pour meurdre, et qu’on fait sécher à la fumée du genévrier, et si fous ajoutez un peu te pois de houx, la chose n’en ira bas mieux, c’est-à-dire n’en ira que mieux ; puis