Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/189

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place à l’obscurité, et le reste du temps que Max passa à veiller ne fut troublé que par le souvenir de son effroi.

George prit ensuite la place de Max qui alla se coucher, et l’apparition du grand feu flamboyant sur le côté opposé de la vallée se présenta également à ses yeux. De même qu’auparavant, il était entouré de figures dont les formes opaques se dessinant aux regards du spectateur, sur la flamme rougeâtre du feu, agissaient et gesticulaient autour, comme si elles se fussent occupées de quelque cérémonie mystique. George, quoique aussi prudent que son frère, était d’un caractère plus hardi. Il résolut d’examiner de plus près l’objet de son étonnement, et ayant en conséquence traversé la petite rivière qui séparait les deux côtés de la vallée, il gravit le bord opposé, et approcha, à la distance du vol d’une flèche, du feu qui brûlait avec autant de vivacité que lorsqu’il lui avait d’abord apparu.

Ceux qui l’entouraient ressemblaient à ces fantômes que nous présente un rêve effrayant, et il se confirma dans l’idée qu’il avait d’abord conçue que ce n’étaient pas des êtres appartenant à l’espèce humaine. Au milieu de ces formes surnaturelles et bizarres, George Waldeck remarqua celle d’un géant tout couvert de poils, tenant à la main un sapin déraciné avec lequel il semblait de temps en temps attiser le feu flamboyant, et n’ayant d’autre vêtement qu’une guirlande de feuilles de chêne autour de la ceinture et de la tête. George sentit le cœur lui manquer en reconnaissant en lui l’apparition bien connue du démon de Hartz, telle qu’il l’avait souvent entendu décrire par le vieux prêtre et les chasseurs qui avaient vu sa forme gigantesque traverser la montagne. Il fit un mouvement pour fuir, mais la réflexion lui vint, et se reprochant sa lâcheté, il récita intérieurement le verset du psaume : Que tous les bons anges louent le Seigneur ! que dans ce pays on regarde comme un puissant exorcisme ; puis il se retourna encore une fois vers le lieu où il avait vu le feu, mais tout avait disparu.

La pâle lune éclairait alors seule le bord de la vallée, et lorsque George, d’un pas tremblant, le front couvert de sueur et ses cheveux dressés sous le bonnet de charbonnier qui le couvrait, arriva à l’endroit où le feu quelques momens auparavant avait été visible, et qui était distingué par un chêne renversé, il n’y put trouver aucun vestige du spectacle qui venait de lui apparaître. La mousse et les fleurs sauvages étaient dans toute leur fraîcheur, et les branches de l’arbre qui un moment auparavant lui avaient paru enveloppées