Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/450

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— Cela est sûr, et trop sûr, s’écria Jenny ; tous ceux qui sont en état de porter les armes sur mer et sur terre, tous les volontaires et les corps de fermiers sont sur pied, et marchent vers Fairport, aussi vite qu’hommes et chevaux peuvent aller… et le vieux Mucklebackit y est allé aussi, comme s’il pouvait y être bon à quelque chose… Hélas ! c’est à présent qu’on sentira la perte de celui qui aurait bien su servir son roi et son pays !

— Donnez-moi, dit Oldbuck, l’épée que mon père porta en 45 ; elle n’a pas de ceinturon ni de fourreau, mais nous nous en passerons. »

En parlant ainsi, il enfila le fer dans la poche de sa culotte. En ce moment entra Hector, qui avait été sur une hauteur voisine s’assurer de la réalité de cette alarme.

« Où sont vos armes, mon neveu ? s’écria Oldbuck ; où est votre fusil à deux coups que vous ne quittiez jamais quand on n’en avait pas besoin ?

— Bah, bah, monsieur, dit Hector, à qui a-t-on jamais vu prendre un fusil de chasse pour une action ?… Vous voyez que j’ai revêtu mon uniforme… Je crois être de plus d’utilité si l’on me donne un commandement, qu’avec dix fusils à deux coups, et quant à vous, monsieur, vous feriez bien de vous rendre à Fairport, afin de donner des ordres pour qu’on s’occupât de pourvoir au logement et à la nourriture des hommes et des chevaux, et empêcher le désordre.

— Vous avez raison, Hector ; je crois que ma tête sera plus utile que mon bras : mais voilà sir Arthur qui, entre nous, n’est pas capable de grand’chose, tant d’un côté que de l’autre. »

Sir Arthur était probablement d’un avis différent ; car, vêtu de son uniforme de gouverneur de la côte, il se rendait aussi à Fairport, et était entré en passant pour prendre M. Oldbuck, dont la sagacité, depuis les derniers événemens, lui inspirait plus de confiance que jamais. En dépit de toutes les supplications des femelles, que l’Antiquaire voulut laisser à Monkbarns, en espèce de garnison, il accepta immédiatement, avec son neveu, l’offre de sir Arthur.

Ceux qui ont été témoins d’une scène semblable peuvent seuls se faire une idée du bruit et du mouvement qui troublaient la ville de Fairport. On apercevait à travers les croisées cent lumières qui, paraissant et disparaissant tour à tour, indiquaient la confusion qui régnait dans l’intérieur des maisons. Les femmes de la dernière classe s’étaient assemblées et péroraient sur la place du marché. Les volontaires des campagnes arrivaient de tous les cantons, galopaient à travers les rues, séparément ou par bandes de cinq ou