Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/451

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six, suivant qu’ils s’étaient rencontrés sur la route. Les tambours et les fifres des volontaires, battant aux armes, se mêlaient à la voix des officiers, au son des cors et au tintement des cloches. Les vaisseaux dans le port étaient éclairés, et des bateaux envoyés par les frégates ajoutaient à la confusion générale en débarquant des hommes et des armes destinés à la défense de la place. C’était Taffril qui surveillait, avec beaucoup d’activité, cette partie des préparatifs. Deux ou trois bâtimens légers avaient déjà dégagé leurs câbles et gagnaient le large pour aller à la découverte de l’ennemi.

Telle était la scène de confusion générale à travers laquelle sir Arthur Wardour, Oldbuck et Hector, parvinrent à la place principale où est situé l’hôtel-de-ville. Il était éclairé, et les magistrats s’y étaient rassemblés avec les principaux bourgeois ; et dans cette occasion, comme dans toutes celles du même genre en Écosse, l’on remarqua à quel point le bon sens et la fermeté naturelle à ce peuple suppléèrent à tout ce qui pouvait lui manquer du côté de l’expérience.

Les magistrats étaient assaillis par les quartiers-maîtres des différens corps pour délivrer les billets de logement pour des hommes et les chevaux. « Eh bien ! dit le bailli Little-John, mettons les chevaux dans nos magasins, et les hommes dans nos parloirs ; partageons nos soupers avec les uns, et nos fourrages avec les autres. Nous nous sommes enrichis sous un gouvernement libre et paternel, le moment est venu de lui montrer que nous en connaissons le prix. »

Tous ceux qui étaient présens lui répondirent par un cri général d’approbation ; et les biens des riches, ainsi que les personnes des individus de toutes les classes, furent unanimement consacrés à la défense de la patrie.

Le capitaine Mac Intyre agit dans cette occasion comme conseil militaire et aide-de-camp du principal magistrat ; en cette qualité, il déploya un degré de présence d’esprit et une connaissance de sa profession auxquels était loin de s’attendre son oncle. Ce dernier se rappelant son étourderie et son impétuosité ordinaires, le regardait de temps en temps tout étonné en remarquant la manière calme et posée dont il expliquait les différentes mesures de précaution que son expérience lui suggérait, et donnait des ordres pour les faire exécuter. Il trouva les différens corps en bon ordre, vu les élémens irréguliers dont ils étaient formés, en grande force par le nombre et pleins de confiance et de courage. L’expérience militaire avait en ce moment un prix important qui l’emportait tellement