Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/452

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sur tous les autres droits de distinction, que même le vieil Édie, au lieu d’être négligé comme Diogène à Sinope, qu’on laissa rouler son tonneau quand chacun autour de lui se préparait à combattre, fut chargé de surveiller la distribution des munitions, devoir dont il s’acquitta très bien.

Cependant ou attendait encore impatiemment deux choses : premièrement, la présence des volontaires de Glenallan, dont on avait formé un corps particulier par considération pour l’importance de cette famille ; et en second lieu, l’arrivée de l’officier qu’on avait annoncé, et qui, chargé par le commandant en chef de toutes les mesures de défense de la côte, était autorisé par sa commission à disposer entièrement de la force militaire.

Enfin le bruit des cors annonça l’arrivée de tous les tenanciers de Glenallan, et le comte lui-même, à la grande surprise de tous ceux qui connaissaient ses habitudes et son état de santé, parut à leur tête en uniforme. Ils formaient un bel escadron, bien monté, entièrement formé des fermiers des basses terres du comte, et ils étaient suivis d’un régiment de cinq cents hommes que le comte avait fait descendre de leurs montagnes complètement équipés du costume national, et avec leurs cornemuses qui jouaient à l’avant-garde. La propreté et l’air militaire de ce corps de vassaux excitèrent l’admiration du capitaine Mac Intyre ; mais son oncle fut encore plus frappé de voir à quel point la constitution affaiblie du comte leur chef semblait ranimée dans ce moment de crise par l’esprit chevaleresque et guerrier qui avait toujours caractérisé sa maison. Il réclama et obtint pour lui et les siens le poste plus exposé au danger, déploya la plus grande promptitude dans les dispositions qu’il fallut faire, et ne montra pas moins de sagacité en discutant sur leur utilité. Les rayons du jour vinrent luire sur le conseil militaire de Fairport encore assemblé, et trouvèrent tout le monde occupé, avec la même ardeur, des préparatifs de défense.

À la fin un cri se fit entendre parmi le peuple : « Voilà enfin le brave major Neville qui arrive avec un autre officier ! » et leur chaise de poste, attelée de quatre chevaux, traversa la place aux acclamations des volontaires et des habitans. Les magistrats, accompagnés des assesseurs de la lieutenance, s’empressèrent d’aller le recevoir aux portes de l’hôtel-de-ville ; mais quelle fut leur surprise, et surtout celle de l’Antiquaire, en reconnaissant sous l’élégant uniforme et le chapeau militaire les traits du pacifique Lovel. D’affectueux embrassemens, un cordial serrement de main, furent nécessaires à