Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/38

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On raconte de Rob d’autres expéditions qui attestent autant d’audace et de sagacité que celle de Chapel-Errock. Le duc de Montrose, lassé de son insolence, se procura une grande quantité d’armes, et les distribua à ses tenanciers, afin qu’ils pussent se défendre contre de nouvelles violences. Mais elles ne restèrent pas dans les mains auxquelles on les destinait. Les Mac-Gregor attaquèrent successivement toutes les maisons des vassaux, les désarmèrent les uns après les autres ; il faut supposer que ce ne fut pas sans le consentement de la plupart d’entre eux.

Comme une grande partie des revenus du duc étaient payables en nature, il y avait des greniers construits pour garder les grains, tant au moulin que partout ailleurs, sur les domaines de Buchanan. Rob-Roy avait coutume de se rendre à ces magasins avec une force suffisante, lorsqu’on s’y attendait le moins, et se faisait livrer d’énormes quantités de grains, tantôt pour son propre usage, tantôt pour secourir les gens du pays, donnant toujours un reçu en son propre nom, et prétendant qu’il tiendrait compte au duc des sommes qu’il recevait.

Cependant un fort fut construit par ordre du gouvernement, et on peut encore en voir la ruine à mi-chemin entre le Loch-Lomond et le Loch-Katrine, sur les domaines d’Inversnaid, ancienne propriété de Rob-Roy ; mais ce poste militaire ne pouvait pas davantage arrêter l’indomptable Mac-Gregor. Il parvint à surprendre le petit fort, désarma les soldats, et le détruisit. Ce fort fut ensuite relevé et repris par les Mac-Gregor sous le neveu de Rob-Roy, Ghlune Dhu, avant l’insurrection de 1745-6 ; enfin il fut reconstruit pour la troisième fois après l’extinction des discordes civiles. Et quand nous voyons le célèbre général Wolf y commander, l’imagination est vivement affectée par la diversité des époques et des événements que cette circonstance ramène simultanément à la mémoire. Il est aujourd’hui tout à fait ruiné[1].

Ce n’était plus, à proprement parler, comme déprédateur de

  1. Vers 1792, l’auteur, en passant de ce côté un jour qu’il voyageait dans les montagnes, trouva encore une garnison à Inversnaid ; mais elle ne se composait que d’un seul vétéran. Le vénérable gardien s’occupait à moissonner son petit champ d’orge en toute paix et tranquillité ; et quand nous lui demandâmes a entrer pour nous reposer, il nous dit que nous trouverions la clef du fort sur la porte.