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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/298

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À vos remords, un jour, craignez de rendre compte.
Croyez que, tôt ou tard, ils ne pardonnent rien.
Renoncez à la gloire, ou plutôt à la honte
D’établir votre honneur sur les débris du sien.

Le Marquis.

Le monde a cependant des maximes contraires.

Doligni fils.

Oui, l’on s’y fait un jeu d’un crime accrédité.
Eh ! que devient la probité ?

Le Marquis.

Elle n’est point requise en ces sortes d’affaires.
L’usage & la nature, en faveur des plaisirs,
En ont toujours banni jusqu’au moindre scrupule.
Il s’agit d’arriver au but de ses desirs :
La morale y joueroit un rôle ridicule.

Doligni fils.

Par ma foi, ce système est plein d’absurdités.
C’est un assassinat que vous préméditez.

Le Marquis.

Tu seras, en amour, une excellente dupe.
Mais, pour me réjouir, je t’allarmois exprès.
Marianne, aujourd’hui, n’est point ce qui m’occupe.
Laissons-la marier ; & nous verrons après.

Doligni fils.

La confidence est fort honnête.

Le Marquis.

Quant à présent, j’aspire à certaine conquête,
Dont je fais un peu plus d’état.
Mon choix va t’étonner ; mais prête-moi l’oreille.