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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/324

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Le Marquis.

Chacun a son emploi.

Monsieur Argant.

Chacun a son emploi.Fort bien, j’en suis ravi.
Parbleu, pendant deux mois qu’a duré mon voyage,
L’extravagance a fait ici bien du ravage !

Le Marquis.

Mais en quoi donc, Monsieur ?

Mr. Argant.

Mais en quoi donc, Monsieur ?Déjà deux ou trois fois
Ce titre de Monsieur a choqué mon oreille.
Vous ne vous serviez pas d’épithete pareille.
Le nom de pere est-il devenu trop bourgeois,
Pour pouvoir à présent sortir de votre bouche ?
Il faut que cela soit.

Le Marquis.

Il faut que cela soit.Ce reproche me touche.
Je croyois vous traiter avec plus de respect ;
Et j’ignore pourquoi Monsieur s’en formalise.

Monsieur Argant.

Ma foi, s’il faut que je le dise,
Ce cérémonial me paroît fort suspect ;
Et c’est la vanité qui l’a mis en usage.
Je sçais que chez les Grands il est autorisé ;
Que chez les gens d’un moindre étage
Ce ridicule abus s’est impatronisé ;
Il s’est même glissé jusques dans la roture :
Mais il n’est pas moins vrai qu’il blesse la nature.
Pour chez moi, s’il vous plaît, il n’aura point de cours.