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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/338

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Mr. Argant.

Mais…L’heureuse nouvelle ! Acheve ton ouvrage.
Je ne te dis qu’un mot ; qu’il serve à t’animer.
Mariage, fortune, espérance, héritage,
Tout dépend de ma femme, & de s’en faire aimer.
Je ne puis rien pour toi.

Marianne.

Je ne puis rien pour toi.Quelle erreur est la vôtre !

Monsieur Argant.

Par des arrangemens que la fortune a faits,
Ma femme est ta ressource ; & tu n’en as point d’autre.

Marianne.

Il faut donc renoncer à ses moindres bienfaits.

Monsieur Argant.

Comment donc ?

Marianne.

Comment donc ?Étouffez une douce espérance,
Qui n’a servi qu’à vous tromper.
De tout ce que j’ai fait, rien n’a pû dissiper,
Ni vaincre son indifférence.
C’est un projet flatteur qui ne peut s’accomplir.
Je connois trop son cœur ; il m’est inaccessible :
Ce n’est que pour son fils qu’il peut être sensible :
Il l’occupe, & n’y laisse aucun vide à remplir.
Loin d’entrer avec lui dans le moindre partage,
Je ne sçais si mes soins ne m’ont pas fait haïr.
Ne me forcez donc pas d’insister davantage.

Monsieur Argant.

Eh ! que veux-tu de moi ?