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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/344

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Mr. Argant.

Miséricorde ! quel fléau !
Quel déluge maudit d’insectes incommodes !
Rien n’y manque. J’en dois remercier mon fils.
Je ne m’attendois pas de trouver mon logis
Plein de chevaux, de chiens, d’auteurs & de pagodes.
Mais enfin laissons-là ces propos superflus ;
Revenons au sujet qui me touche le plus.
C’est Marianne. Eh ! bien, m’avez-vous fait la grace
De parler à ma femme ?

Doligni pere.

De parler à ma femme ?Oui ; mais je ne tiens rien.
Elle veut au Marquis assurer tout son bien ;
Et je ne compte pas que ce dessein lui passe,
À moins que votre fille…

Mr. Argant.

À moins que votre fille…Il n’est donc plus d’espoir.
J’espérois que ses soins, sa tendresse & ses charmes,
Sur le cœur de ma femme auroient plus de pouvoir :
Elle n’a recueilli que des sujets de larmes.

Doligni pere.

Mais peut-on s’empêcher de s’en laisser charmer ?

Mr. Argant.

Elle auroit dû s’en faire aimer.
Hélas ! je rapportois cette douce espérance.
Quel retour ! je ne puis y penser sans effroi.
Loin de répondre à l’apparence,
Le projet & le piége ont tourné contre moi.