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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/345

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Doligni pere.

Votre position est fâcheuse.

Mr. Argant.

Votre position est fâcheuse.Ah ! sans doute.

Doligni pere.

Votre embarras est des plus grands ;
Et pour vous en tirer, il faut qu’il vous en coûte.
Aimez-vous votre femme ?

Mr. Argant.

Aimez-vous votre femme ?Autant que mes enfans.
Je ne puis ni ne veux me brouiller avec elle.
Eh ! depuis notre hymen, l’union la plus belle
A resserré des nœuds que l’amour a formés.
D’ailleurs, je lui dois tout. Je n’avois rien au monde.
Malgré ma misere profonde,
Et nombre de rivaux plus dignes d’être aimés,
Je lui plus. Il fallut vaincre la résistance
De parens qui pouvoient s’opposer à son choix.
Elle n’avoit pas l’âge indiqué par les loix.
Cependant mon bonheur, ou plutôt sa constance,
Après bien des refus & de mortels ennuis,
Me rendit possesseur d’une épouse adorable,
Qui jouissoit déjà d’un bien considérable,
Que des successions ont augmenté depuis.
Je m’en souviens sans cesse avec reconnoissance.

Doligni pere.

Je prévois qu’à la fin il faudra, malgré vous,
Renvoyer votre fille au Couvent.

Mr. Argant.

Renvoyer votre fille au couvent.Entre nous,