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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/347

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Et se rendre en secret maîtresse de son sort !
Voilà ce que je crains, si je romps le silence.
Supposé que l’accès d’un aveugle transport
Ne la contraigne point à cette violence,
Les persécutions feront le même effet ;
Et sa mauvaise humeur ne cessant de s’accroître,
Obligera ma fille à préférer le Cloître.

Doligni pere.

Il faudra tenir bon : peut-être…

Mr. Argant.

Il faudra tenir bon : peut-être…C’est un fait.
Je voudrois conserver la paix dans ma famille…
Il me vient un moyen. S’il est de votre goût,
Il pourroit concilier tout,
Et faire marier ma fille.
Sa légitime peut monter
À douze mille écus de rente ;
Eh ! bien, seriez-vous homme à vous en contenter ?

Doligni pere.

Ceci change la these ; elle est bien différente.

Mr. Argant.

Je le sçais, je n’osois presque vous en parler.

Doligni pere.

Allons, je le veux bien, pour vous tirer de peine.

Mr. Argant.

Ah ! mon cher…

Doligni pere.

Ah ! mon cher…Ce n’est pas l’intérêt qui me mene.
Je n’accepte pourtant que comme un pis-aller.

Mr. Argant.

Mais Marianne vient…