Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Son Maître eut une fille unique,
Qu’on nommoit Marianne.

Mad. Argant.

Qu’on nommoit Marianne.Après ?

Le Marquis.

Qu’on nommoit Marianne.Après ?Mais il prétend
Qu’elle est morte avant lui, que rien n’est plus constant ;
Que c’est une histoire publique ;
Et qu’enfin cette niece auroit plus de vingt ans.

Mad. Argant.

Mais vraiment je me le rappelle.

Le Marquis.

Tous deux sont morts depuis long-tems.
Il est sûr de son fait. Ce ne peut pas être elle.
Mais je vous jure encor que je pense trop bien
Pour oser en conclure rien.

Mad. Argant, à part.

Quoi ! chez moi ! sous mes yeux ! feignons de n’en rien croire,
Et ne dégradons point le pere aux yeux du fils.
(haut.)
Non ; plus je pense à cette histoire,
Plus je vois que ce sont autant de faux avis.
Je connois mon mari. Vingt ans d’expérience
Doivent, sur cet article, assurer mon repos.
Pouvez-vous honorer de la moindre croyance
Des rapports de Valets, toujours ivres ou sots ?
Qu’ils n’aillent pas plus loin. Imposez-leur silence ;
Et du premier d’entre eux qui ne se taira pas,
En le chassant d’ici, punissez l’insolence.