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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/403

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Qui servira du moins à me justifier.
Délivrez-vous de ma présence.
Je ne demande, hélas ! qu’à me sacrifier.

Mad. Argant.

Qu’à vous sacrifier ! Est-ce ici votre place ?

Marianne.

Je n’ai que du malheur ; vous pouvez m’en punir.

Mad. Argant.

Mais le malheur, ici, vous a-t-il fait venir ?

Marianne.

Accusez mon erreur & non pas mon audace.
Madame, on m’a trompée en m’amenant ici :
C’est une vérité qui peut être attestée.
Si j’avois été libre, y serois-je restée ?
D’aujourd’hui seulement mon sort est éclairci.
Et dès que je l’ai sçu, j’ai tout mis en usage
Pour qu’on me laissât fuir. Je n’ai pû l’obtenir.
Ai-je rien de plus cher que de vous réunir ?

Mad. Argant, à part.

Ô Ciel ! d’une rivale est-ce là le langage ?
J’ai peine à résister à son air ingénu.
(haut.)
Cette énigme est assez difficile à comprendre.
Votre sort, dites-vous, vous étoit inconnu ?
Quel est donc ce Roman ?

Marianne.

Quel est donc ce Roman ?On a dû vous l’apprendre.
Vous sçavez qui je suis.

Mad. Argant.

Vous savez qui je suis.C’est un secret pour moi.