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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/408

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Marianne.

Qu’il m’est doux de me voir entre des bras si chers !

Mad. Argant.

Pardonnez-moi tous deux, & partagez ma joie.
Dans la félicité que le Ciel me renvoye,
Je retrouve au-delà de tout ce que je perds.

Mr. Argant.

Vous me pardonnez donc cette ruse innocente !

Mad. Argant.

Si je vous la pardonne ! Elle fait mon bonheur.

Doligni pere.

Nous en voilà pourtant venus à notre honneur !

Mr. Argant.

Ma femme, il faut aussi que mon fils s’en ressente.
Sous le poids de sa faute il paroît abbattu.
Je crois, pour l’avenir, qu’on peut tout s’en promettre.
Il n’oseroit paroître. Ah ! daignez lui permettre
De venir à vos pieds reprendre sa vertu.

Mad. Argant.

Je ne puis.

Marianne.

Je ne puis.Oserois-je, en faveur de mon frere,
Unir ma foible voix à celle de mon pere ?
Pour qui réservez-vous un généreux pardon ?
Me refuserez-vous une premiere grace ?

Mad. Argant.

L’ingratitude la plus basse
Mérite un entier abandon.
(à Doligni pere.)
Appellez votre fils ; qu’il vienne en diligence.
(Doligni va pour faire avancer son fils.)