Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/229

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ché par la fortune. Il dégénéra même en industrie littéraire.

Lorsque Saint-Évremond prit sa place dans la société parisienne, l’enthousiasme pour le Cid étoit à son comble (1635), et il le partagea. Son admiration affectueuse pour Corneille a duré toute sa vie. Mais les fadeurs du royaume de Tendre lui restèrent antipathiques4 et il méprisoit trop le Nervèze5, pour en admettre les formes, dans le langage de la plus entraînante des passions. Sectateur d’Épicure, ses idées sur l’amour s’en ressentirent. Il rechercha le permanent accord de la raison du philosophe, des affections de l’honnête homme, et des mouvements de la nature : également éloigné du matérialisme grossier et de l’idéalisme ridicule ; donnant le pas au bon sens, dans l’occasion ; poursuivant spirituellement la vérité dans les plaisirs, et marquant sa doctrine, ainsi que sa pratique, d’une sorte de sagesse charmante qui, sans peupler le couvent des carmélites de la rue Saint-Jacques, eut


4. Il y a au recueil in-fol. de Conrart, tom. V, nº 37, une pièce curieuse, espèce de charte, ainsi intitulée : Sapho (Mlle de Scudéry, qui prend souvent ce pseudonyme et le reçoit sans façon) Reine de Tendre, princesse d’Estime, dame de Reconnaissance, Inclination et terreins adjacents, à tous présents et à venir salut, etc… Donné à Tendre, au mois des roses, etc.

5. Voy. infra, tom. 2, pag. 420. On connoît peu aujourd’hui Les amours diverses, divisées en sept histoires, par le Sr de Nerveze, conseiller et secrétaire de M. le prince de Condé (Revues et augmentées, à Lyon, par Thibaut Anselin, imprimeur ordinaire du Roy, 1608. Petit in-12, d’environ 800 pages, très bien imprimées). C’est un recueil d’incroyables platitudes, qui eut pourtant assez de succès, au commencement du dix-septième siècle.