Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/116

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Tant sa personne avait un air réconfortant.
Avec un tel pasteur, jamais de mécréant.
Mais voilà, je le sais, « digarez » inutile.
Allons vite au sujet, car ma verve est débile.
C’est toujours pour le mieux qu’on conte simplement,
Ne parons donc en rien ce récit d’ornement.
Hâtons droit vers le but et si notre entreprise
S’arrête quelquefois… c’est pour humer la prise…

Notre brave curé s’appelait Tonton Cou,
Un nom qui tient deux fois dans le bruit d’un glouglou.
Bouteille qui se vide ou baril mis en perce
Chante, rit, pleure ému aux larmes en averse.
Ce Tonton Cou menait un troupeau de moutons
Qui avaient plus d’esprit, certes, que de toison.
Le recteur bon vivant avait au presbytère
Tout ce qu’il fallait, sauf la cuisinière.
Pour trouver cet objet, pendant près d’un long mois
Le vicaire s’en fut par landes et par bois.
Mais de « carabassen » sa recherche fut vaine.
La montagne était vide ainsi que la grand’plaine,
Vides aussi les vaux, le sentier, le chemin !
Il pensa, tout marri, laisser là son latin…
Pour sûr, il ne manquait pas de femmes au bourg.
On aurait trouvé dix, cinquante en un seul jour.
Servante de curé c’est bien facile à dire…
Mais de tant de vertus l’une il fallait élire.
Chacune fut alors « canonique » possible,
Mais le recteur passait tous leurs défauts au crible.
L’une était « lipêrez », l’autre trop « couillouren » ;
Janned fut « teod fall », Yvona « skanv he fenn ».
Pas une qui ne fut contre lui furieuse.
Tonton Cou n’avait pas la main judicieuse !