Page:About - Le Fellah, souvenirs d'Egypte, 1883.djvu/336

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possédions avec nous, et pour le yacht quand elle était à bord ; il se levait la nuit pour constater que le petit navire n’avait pas quitté son mouillage : dans la journée, il surveillait la mer.

Le samedi, après déjeuner, MM. Alexandre et Edmond Lavalley nous offrirent une partie de chasse sur le lac. Les Anglais s’étaient promenés toute la matinée avec nous ; on nous avait montré le chantier des machines, qui est un chef-d’œuvre d’organisation, et l’atelier gigantesque où M. Dussaut a confectionné de toutes pièces deux jetées indestructibles, dont l’une a 1, 900 mètres de long et l’autre 2, 500. M. Longman, que les splendeurs de l’industrie enivraient facilement, fut d’une humeur charmante ; il se laissa séduire à l’idée de rapporter au Yachting-Club la dépouille d’un flamant rose, et d’illustrer son fusil de soixante livres sterling. Tout réussit à souhait, sauf le meurtre qui lui tenait au cœur. Il tua trois douzaines de canards, de morillons et de sarcelles ; mais les flamants, qui dessinaient sur l’eau de longues lignes colorées, s’enfuirent à cinq cents pas de nos barques, et pas un ne commit l’imprudence de se faire admettre au Yachting-Club.

On dina chez Laroche, et la soirée se prolongea longtemps après minuit. Il était convenu que la bande joyeuse se dispersait le lendemain dimanche. M. et Mme de Saulx partaient pour Beyrout avec Émile Perrin ; M. Voisin nous prenait dès six heures, heure militaire, pour nous conduire à Suez par Ismaïlia et nous montrer les fouilles de Chalouf, qui se font à sec. Les Longman, qui partaient sans remise à la même heure que nous, permirent un