Page:About - Rome contemporaine.djvu/19

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Voilà ce qu’un nouveau débarqué aperçoit du premier coup d’œil en entrant à Marseille. Maintenant, s’il vous plaît, causons un peu avec les habitants ils ne demandent pas mieux.


Ceux qui ont vu Marseille en 1815, en parlent comme d’une succursale du grand désert. L’unique port de la ville était vide ; la population se montait à 90 000 habitants qui mouraient de faim. Les choses ont bien changé, surtout dans les dernières années. Le recensement de 1841 a compté 147 000 Marseillais ; celui de 1856 en donne 235 000 : c’est une augmentation de près de 90 000 âmes en quinze ans. Le chiffre des naissances s’est accru d’un huitième en 1857 ; il faut donc augmenter d’un huitième le chiffre de la population, ce qui le porte à 265 000. Ajoutez la population flottante, les étrangers non compris dans le recensement, les Français omis volontairement[1] dans un intérêt local : vous verrez que Marseille est une ville de 290 000 âmes. Deux cent mille de plus qu’en 1815 !

Je n’ai pas besoin d’ajouter que ces deux cent mille Marseillais ne sont pas tous nés à Marseille. L’accroissement rapide d’une cité ne s’explique point par la fécon-

  1. Il y a certains impôts qui augmentent avec la population des villes ; les villes sont donc intéressées à dissimuler une partie de leur population. Je connais en Lorraine une bourgade de plus de 4000 habitants qui n’a jamais consenti à en avouer plus de 3999. Lorsque le progrès de la population sera devenu trop évident, elle sautera brusquement de 3999 à 4999, comme ces femmes a prétention qui passent en un jour de vingt-neuf à trente-neuf ans.