Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/134

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tête de ses troupes ; mais les Portugais avaient de l’artillerie, elle en était dépourvue. Elle avait d’abord tenté de faire usage de ce moyen, qui, dans l’ignorance où était sa nation, était plus funeste qu’utile. Les batailles aussi étaient meurtrières, d’autant plus que les Portugais voulaient la réduire à tout prix. Poussée avec vigueur, se défendant avec rage, elle se trouva un jour en face de don Pedro. Cuma et Cassangé, qui jamais ne la quittaient, virent le moment où le malheureux jeune homme allait frapper Zingha, qu’il ne reconnaissait pas… Son pistolet était armé ; il allait lâcher la détente, Cassangé s’écria : C’est la reine !…

Don Pedro laisse tomber son arme ; il reste sans mouvement devant cette femme, qui, à son tour immobile, reste aussi pour sentir rentrer l’âme dans son cœur, glacé par cette indifférence et ce malheur forcé, qui depuis des années rend son existence misérable… Tout-à-coup elle se redresse, bande son arc,