Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/206

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ordres de tous côtés ; les régiments prenaient les armes et les drapeaux flottaient au vent.

– Toute l’armée est debout : quand tout le monde regarde, personne n’y voit, dit Conrad, et il s’achemina d’un pas délibéré vers le camp.

Au moment où il franchissait les palissades du côté de la frontière, Sa Majesté Louis XIV entrait dans le camp du côté de Charleroi.


C’était vers la fin du mois de mai. Louis XIV, accompagné de Monsieur, venait de prendre le commandement suprême des troupes réunies en Flandre. Il voulait voir, et bien plus encore se faire voir. Toute sa maison l’avait suivi, les compagnies des gardes du corps et les mousquetaires, et il n’était pas un seul gentilhomme en France qui n’eût tenu à honneur de combattre sous ses yeux. Tous les fils des meilleures maisons qui n’avaient point de grade dans l’armée étaient partis en qualité de volontaires, et c’était partout un flot de magnifiques cavaliers qui appelaient la bataille de tous leurs vœux. L’entrée du roi au camp fut saluée de mille acclamations. Les soldats portaient leurs chapeaux au bout des fusils, et le cri de : Vive le roi ! roulait comme un tonnerre de Pandelon à Marsenal. Tous les régiments étaient sous les armes, et mille pavillons flottaient sur les tentes. Quand le roi approcha du Châtelet, où était casernée l’artillerie, Belle-Rose sentit son cœur battre à coups pressés. Il n’avait jamais vu le roi, et le roi, à cette époque, était tout. C’était Dieu sur le trône de France. Toute grâce émanait de lui, et sa grande renommée lui