Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/288

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– Savez-vous un moyen de faire passer un avertissement à mon lieutenant ? reprit-il.

– Je l’ai, dit Geneviève. Un guichetier qui a été au service de mon père a déjà consenti, à prix d’or, à faire tenir un billet à Belle-Rose.

– Recommandez-lui donc, madame, qu’il se mette au lit. Ce billet lui donnera un peu de courage, et sa feinte maladie permettra d’obtenir plus facilement un ordre de changement.

Suzanne tenait déjà une plume à la main ; elle écrivit promptement quelques mots. On a vu comment Belle-Rose les avait reçus. Suzanne se présenta le même jour chez M. de Louvois. La veuve de M. d’Albergotti fut introduite sur-le-champ ; mais au nom de Belle-Rose, le ministre fronça le sourcil.

– C’est une étrange persistance, dit-il ; il me semble que j’ai déjà refusé sa mise en liberté.

– Aussi n’est-ce point cela que je viens solliciter de votre clémence.

– Qu’est-ce donc ?

– L’ordre d’enfermer Belle-Rose dans une prison où il puisse recevoir les secours et les consolations que réclament son état de santé.

– Ah ! il est donc malade ?

– L’ordre de lui appliquer la question ne vient-il pas de vous, monseigneur ? répondit Suzanne.

– Mais quel intérêt puissant vous fait agir en faveur de ce prisonnier ? interrompit M. de Louvois dépité.

– Je suis sa fiancée, répondit Suzanne, qui rougit, mais sans baisser les yeux.

M. de Louvois s’inclina.

– Que votre volonté soit faite ! dit-il en écrivant quelques mots sur un ordre imprimé dont les blancs seuls étaient à remplir.

M. de Louvois agita une sonnette : un huissier se présenta, il lui remit l’ordre et se leva.