Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/411

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retentirent. De grands nuages blancs s’étendaient comme une écharpe de gaze sur l’horizon, où flottait la lune voilée. Les vitraux de la chapelle étincelaient dans la nuit ; Suzanne prétexta d’un grand mal de tête pour ne pas descendre à la chapelle, Claudine lui ayant recommandé de l’attendre dans sa cellule. Suzanne entr’ouvrit sa porte et compta les minutes, le cœur plein de trouble. À sept heures, Claudine sortit ; les prières remplissaient de leurs murmures pieux les longs corridors du couvent ; la tourière, qui connaissait l’ordre de la supérieure, laissa passer la jeune pensionnaire, mais Claudine n’avait pas fait trois pas qu’elle rentra.

– J’ai oublié ma mante et vais la chercher ; veuillez, ma sœur, laisser la porte ouverte, dit-elle.

Et comme un oiseau, elle s’élança dans la sombre allée.

Ses pieds ne touchaient pas les dalles, et cependant Suzanne l’entendit et pencha la tête hors de sa cellule.

– Viens ! dit Claudine, et toutes deux descendirent l’escalier.

En passant devant la pièce étroite où la tourière se tenait, Claudine se pencha vers elle, masquant ainsi la porte.

– Merci, ma bonne sœur, dit-elle.

Suzanne se glissa dehors et Claudine la suivit. Elles s’enfoncèrent toutes deux dans les profondeurs silencieuses du parc, et s’embrassèrent aussitôt qu’elles furent à l’abri, sous le couvert des arbres.

– Encore quelques minutes et nous sommes libres ! dit Claudine.

Leurs petits pieds couraient sur le sable des allées ; l’espérance leur avait mis des ailes. Elles arrivèrent essoufflées à l’angle du mur et trouvèrent la Déroute qui trépignait d’impatience.

– Voici deux fois que j’ai donné le signal, on ne m’a pas répondu, dit-il. Attendez-moi là.