Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/544

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de l’hôtel de M. de Louvois. Belle-Rose en descendit, et pria un huissier de l’introduire auprès du ministre.

– Son Excellence travaille avec M. de Charny, lui dit l’huissier.

– Dites alors à Son Excellence que c’est de la part de Sa Majesté Louis XIV, répondit Belle-Rose.

À ce nom sacré l’huissier disparut et revint bientôt après.

– Qui faut-il que j’annonce ? dit-il.

– Le capitaine Belle-Rose.

À ce nom, M. de Louvois tressaillit comme un lion surpris dans son antre.

– Le capitaine Belle-Rose ! répéta-t-il en couvrant l’officier de son regard étincelant. Et vous êtes venu chez moi, vous ! Vous êtes bien imprudent, monsieur.

– Je ne crois pas, monseigneur, dit Belle-Rose froidement.

– Avez-vous perdu la mémoire, et faut-il que je vous rappelle le compte que nous avons à régler ensemble ?

– Il serait plus à propos, je crois, de parler de l’affaire qui me ramène. Ne vous a-t-on pas dit, monseigneur, que je venais de la part de Sa Majesté le roi ?

M. de Louvois fronça le sourcil.

– Le roi est en Hollande, monsieur, répliqua-t-il.

– J’en arrive, monseigneur, et voici les dépêches que Sa Majesté a bien voulu me confier.

Belle-Rose tira le paquet de sa poche et le tendit au ministre. M. de Louvois, tout étonné, le prit sans répondre et l’ouvrit. M. de Charny se tenait debout dans l’embrasure d’une fenêtre, attentif et silencieux. À la lecture de la dépêche qui lui annonçait le passage du Rhin, l’homme fit place au ministre. M. de Louvois se leva le visage radieux.

– La Hollande est ouverte ! s’écria-t-il, dix villes conquises et le Rhin franchi en un mois ! Il faudra bien que la république soit effacée du rang des nations.