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IRÈNE ET LES EUNUQUES

nécessaires à une seconde campagne. Cette fois Alexis conseilla d’attaquer les Sarrazins plus commodes à vaincre, estimait-il. L’empereur lui pardonnait mal son échec et l’humiliation d’un retour fâcheux, après une manœuvre manquée. Il se cacha de nouveau dans le gynécée, entre les bras de Théodote, unique consolatrice. Marie d’Arménie consumait les heures dans les différentes églises et chapelles du Palais Sacré, à supplier les icones de rendre son mari vertueux.

Quand on crut les troupes en état et les munitions prêtes, Constantin et Alexis passèrent avec les Arméniaques en Cilicie, dans la vallée du Cydnus. Ils séjournèrent à Tarse où les légions vinrent se concentrer. Mais, pendant de longues marches sur la frontière de Syrie, elles perdirent beaucoup des leurs qu’éprouvaient les pluies d’hiver et une mauvaise alimentation. Par ses habiles mouvements, l’ennemi qui se dérobait, et tout à coup surgissait formidable contre les corps peu nombreux, prolongea ce supplice. Des convois furent enlevés à plusieurs reprises. Faute de vivres et de santé, les légions durent battre en retraite, mécontentes, accusant l’incapacité de l’Empereur et des intendants, acclamant, par contre, Alexis qui laissait grandir sa popularité, sans mesure.

Vers la fin d’une revue, les soldats ayant manifesté de cette manière, Constantin quitta brusquement les bivouacs. Dans Byzance, il trouva Nicéphore ironique et démuni, Marie l’Arménienne trop résignée à toutes les