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IRÈNE ET LES EUNUQUES

catastrophes, et trop encline à lui faire comprendre les évidentes faiblesses d’une science stratégique en défaut. Irène refusa de le recevoir dans Éleuthérion, sauf en cérémonie, puis l’accabla d’allusions blessantes. Seule Théodote lui fut l’amante extasiée, fraîche, voluptueuse, attendrie. Il fut s’enfermer avec elle.

Nicéphore le dérangea bientôt pour lui confirmer le péril de l’agitation entretenue par Alexis dans les thèmes d’Asie. Les troupes réclamaient leur solde en retard avec insolence, et menaçaient de la venir chercher dans le trésor même des Basilèis. Pour le fourrage et les vivres, la cavalerie rançonnait impitoyablement les bourgs, les petites cités, les couvents solitaires. Plusieurs députations d’archontes et d’honorables arrivés en hâte, protestaient respectueusement contre les conséquences ruineuses de l’audace militaire.

Les bras en croix sur la robe de son costume gemmé, le dos rond et les yeux sournois, le chartulaire s’amusa tout un matin de la colère impériale. De ses poings l’autocrate battait les couvertures de pourpre, en invectivant contre Alexis et contre Irène. Entortillée au hasard dans ceux de ses voiles qui s’étaient trouvés non loin du lit, Théodote debout réprimait une envie de pleurer. Sa bouche se gonflait sous une moue de chagrin. Pourtant elle essaya de cacher ses menus bras très blancs, puis de nouer sur un front clair les amples mèches de sa chevelure abondante, rebelle et noire. Ses yeux d’antilope bayaient au