Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/28

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pieusement tous les rites du pèlerinage. Il suivit la procession autour du temple et la course entre les collines de Safa et de Méroua, égorgea une brebis sur le mont Arafat, baisa la Pierre Noire, lança des cailloux en nombre impair dans la direction assignée, visita le puits de Zemzem. Alors s’ouvrirent les foires. Les pèlerins célébrèrent les trois derniers jours de fête dans des réjouissances plantureuses. Le jeune maître d’El-Azhar qui avait cherché, vainement, la révélation divine au seuil de la Caaba, se sentit au-dessus de cette masse d’hommes égarés et lut au fond de sa poitrine la mission des réformateurs.

Alyçum écoutait Cheik-el-Zaki avec enchantement. La bonté, la prestigieuse intelligence de son maître, son élégance morale lui étaient connues, mais jusqu’alors il n’avait pas eu le privilège de l’entendre parler lui-même des luttes angoissantes de sa vie.

En quittant la Mecque, El-Zaki entreprit une tournée de propagande dans les centres du monde musulman. Il prêcha à Jérusalem, à Damas, à Ispahan, à Tabriz, à Constantinople. Chassé d’une ville, acclamé dans l’autre, sur sa route il laissait l’impression d’un prophète ou d’un illuminé. Par cette randonnée prodigieuse, haï des uns, vénéré des autres, il secoua durant plus d’une année les masses assoupies de l’Islam.

— Je te jure, mon chéri, que je leur avais bien parlé. J’avais expliqué avec clarté la manière véritable de lire le Coran. J’avais indiqué la voix qu’il faut prendre, les lettres qu’il faut prolonger comme