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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

nant vous êtes moitié dans ma bonne action) puisse pourvoir à sa nourriture.

— Soit ! s’écria le marchand d’un ton de bonne humeur, puisque le drôle veut absolument être libre, qu’il le soit et qu’il aille au diable.

Sur un signe de son maître, un des domestiques sortit d’une gibecière encre, plumes, papiers, et rédigea, séance tenante, non pas un acte de vente mais, d’après le désir du Canadien, un acte de libération parfaitement en règle, auquel le marchand apposa tant bien que mal sa signature, et que les domestiques signèrent ensuite comme témoins.

— Ma foi ! s’écria John Davis, il est possible qu’au point de vue des affaires j’aie fait une sottise, mais vous me croirez si vous voulez, jamais je n’ai été aussi content de moi.

— C’est que, répondit sérieusement le Canadien, vous avez aujourd’hui suivi les impulsions de votre cœur.

Le Canadien quitta alors la plate-forme pour aller chercher les peaux. Au bout d’un moment il revint avec deux magnifiques peaux de jaguars, parfaitement intactes, et qu’il donna au marchand. Celui-ci, ainsi que cela avait été convenu, lui remit les armes ; mais alors un scrupule s’empara du chasseur.

— Un moment, dit-il, si vous me donnez ces armes comment ferez-vous vous-même pour retourner aux habitations ?

— Que cela ne vous inquiète point, répondit John Davis ; j’ai laissé à trois lieues d’ici au plus mes chevaux et mes gens. D’ailleurs nous avons nos pistolets qui pourraient nous servir au besoin.

— C’est juste observa le Canadien, de cette façon