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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

avait détaché sa pirogue et s’était éloigné en pagayant vigoureusement vers l’autre rive.

— Tranquille, le tueur de tigres ! murmura John Davis dès qu’il fut seul, c’est vraiment mon bon génie qui m’a inspiré de me faire un ami d’un tel homme.

Il s’étendit sur le brancard dont deux de ses domestiques prirent les bras, et après avoir jeté un dernier regard vers le Canadien qui en ce moment débarquait sur la rive opposée.

— En route, dit-il.

Bientôt la plate-forme redevint solitaire, le marchand et sa suite avaient disparu sous le couvert et on n’entendit plus que le bruit qui s’affaiblissait de plus en plus et ne tarda pas à s’éteindre tout-à-fait, des aboiements saccadés des limiers qui couraient en avant de la petite troupe.


III

NOIR ET BLANC.


Cependant le chasseur canadien, dont nous savons enfin le nom, avait, ainsi que nous l’avons dit, atteint le côté de la rivière où il avait laissé le nègre caché dans les broussailles de la rive.

Pendant la longue absence de son défenseur, l’esclave aurait pu facilement s’enfuir et cela avec d’autant plus de raison qu’il avait à peu près la certitude de ne pas être poursuivi avant un laps de