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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Maintenant, continua Tranquille, veuillez, chef, considérer cet homme comme un ami, et faire pour lui ce que vous feriez au besoin pour moi, je vous en aurai la plus grande obligation.

Le chef s’inclina avec grâce et tendant la main au nègre :

— Les paroles de mon frère le chasseur raisonnent à mon oreille avec la douceur du chant du centonztle, dit-il. Wah-rush-a-menec (le Cerf-Noir) est un sachem dans sa nation, sa langue n’est pas fourchue et les paroles que souffle sa poitrine sont claires, car elles viennent de son cœur ; la Face-Noire aura sa place au feu du conseil des Pawnées, car à partir de ce moment il est l’ami d’un chef.

Quoniam salua l’Indien et répondit chaleureusement à son serrement de main.

— Je ne suis qu’un pauvre noir, dit-il, mais mon cœur est pur et mon sang coule aussi rouge dans mes veines que si j’étais blanc ou Indien, tous deux avez droit à me demander ma vie, je vous la donnerai avec joie.

Après cet échange mutuel d’assurance d’amitié, les trois hommes s’accroupirent sur le sol et se mirent en devoir de déjeuner.

Grâce aux émotions de la matinée, les aventuriers avaient un appétit féroce ; ils firent honneur à la bosse de bison qui disparut presque entièrement sous leurs attaques réitérées, et qu’ils arrosèrent de quelques cornes d’eau coupée avec du rhum dont Tranquille avait une petite provision dans une gourde pendue à sa ceinture.

Lorsque le repas fut terminé, les pipes furent allumées et chacun se mit à fumer silencieusement