Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/269

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cependant aussi subtil et aussi lucide que dans ses meilleurs jours. La pauvre mère avait une crainte qui lui tordait le cœur et lui faisait endurer une torture, auprès de laquelle celle que les Indiens se préparaient à lui infliger n’était rien ; elle tremblait que son fils prévenu du sort horrible qui l’attendait n’accourût, pour la sauver, se livrer à ses féroces ennemis.

L’oreille tendue au moindre bruit, il lui semblait entendre à chaque instant les pas précipités de son fils accourant à son secours. Son cœur bondissait de crainte. Elle priait Dieu du plus profond de son âme, de permettre qu’elle mourût à la place de son enfant chéri.

La danse du scalp tourbillonnait avec fureur autour d’elle.

Une foule de guerriers, grands, beaux, magnifiquement parés mais le visage noirci, tournaient deux par deux autour du poteau, conduits par sept musiciens armés de tambours et de chicikouès, qui s’étaient rayé la figure de noir et de rouge et portaient sur la tête des plumes de chat-huant retombant en arrière.

Les guerriers avaient à la main, ornés de plumes noires et de drap rouge, des fusils et des casse-tête dont ils posaient en dansant la crosse à terre.

Ces hommes formaient un vaste demi-cercle autour du poteau, en face d’eux et complétant le cercle, les femmes dansaient.