Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/436

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— Nous sommes prêts, répondit impassiblement Franck, attachez-nous au poteau, inventez les plus atroces tortures ; vous ne nous verrez point pâlir.

— Notre frère le Cœur-Loyal, continua le chef, a intercédé pour vous. Vous ne serez pas attachés au poteau, les chefs vous laissent le choix de votre mort.

Alors se révéla ce trait caractéristique des mœurs des blancs, qui habitant depuis longtemps les prairies, ont fini par renier les coutumes de leurs ancêtres pour prendre celles des Indiens.

La proposition faite par la Tête-d’Aigle révolta l’orgueil des pirates.

— De quel droit, s’écria Franck, le Cœur-Loyal intercède-t-il pour nous ? Croit-il donc que nous ne sommes pas des hommes ? que les tortures pourront nous arracher des cris ou des plaintes indignes de nous ? Non ! non ! que l’on nous conduise au supplice, celui que vous nous infligerez ne sera jamais aussi cruel que ceux que nous faisions subir aux guerriers de votre nation, lorsqu’ils tombaient entre nos mains.

À ces paroles hautaines, un frémissement de colère parcourut les rangs des Indiens, tandis que les pirates poussaient au contraire des cris de joie et de triomphe.

Chiens ! lapins ! disaient-ils, les Comanches sont des vieilles femmes auxquels on donnera des jupons.

Le Cœur-Loyal s’avança.